Oh mon bateau (interlude)

La fine équipe, L'équipe de bras cassés se retrouvaient donc sur un gigantesque bateau. Après la prise de parole de l'examinateur, les 62 participants restant sur le bateau se dispersèrent très vite. Alicia décida d'aller directement dans sa chambre et abandonna Shiro Okaminu et Koon. Ces derniers se retrouvèrent toutefois rapidement quatre puisqu'ils furent rejoins par un Zakhar délesté d'un boxeur et d'un rocher.
Koon pris la parole :
— Alors on a passé la première épreuve hein ? Honnêtement je doutais qu'une équipe comme la notre réussisse à aller ne serait-ce que jusque-là. Comme quoi, notre association ne doit pas être si mauvaise que ça.

       Okaminu lui répondit sans attendre :

" Tu es venu en partant du principe que tu allais perdre ! Mon pauvre Silver, bien que réaliste, ce n'est pas cet état d'esprit qui te permettra d'avoir ta licence. Cependant, je suis quand même un peu d'accord  avec toi concernant l'équipe. Mais après tout, c'est en s'exerçant sous la contrainte que l'on progresse le plus rapidement n'est-ce pas ? "

Shiro haussa les épaules. Elle savait que ça ne serait pas facile de réussir cette épreuve et que la suite n'allait pas être une partie de plaisir. Elle ne répondit pas aux différentes piques qui étaient lancées.
"Je penses que je n'arriverai jamais à me faire à votre guéguerre."
Elle esquissa un sourire, laissant imaginer ce qu'elle pensait réellement de tout ce qui venait de se passer.

Koon était habitué aux joutes verbales qu'il entretenait avec Okaminu. Mais lorsque Zakhar décida lui aussi de se la jouer "cé moi ka tou fai dabor na !" Koon n’apprécia pas, mais alors pas du tout.
« Mon cher Zakhar, si tu veux retourner sucer les deux cailloux qui servent de testicules à ton ami le rocher, libre à toi d'y retourner. Maintenant dois-je vraiment te rappeler que les seuls actions que tu as commis furent de massacrer deux -ou serait-ce trois ?- individus dont les compétences de combats étaient proches de celles d'un paraplégique sans son fauteuil. Quand un vrai combat est arrivé, il me semble que se sont les deux demoiselles ici présentes qui ont été les seules à blesser l'adversaire pendant que tu t'évertuais à lui chatouiller les guibolles. Tu me rétorqueras avec raison que je n'ai rien fait de plus pendant ce combat. Je te répondrai alors que j'ai au moins la décence de ne pas me pavaner comme un coq persuadé d'avoir héroïquement sauvé la situation. »

        Okaminu devint presque déroutée à l'idée de partager l'opinion de Silver en cette exceptionnelle instant. Elle lança donc à Zackar :

" Zak ! Ne reporte pas ta frustration sur le petit ! Tu sais, dans la vie il y a des hauts et des bas. Parfois on envoie un paysan au loin en petit balayage et parfois on se fait battre par une petite fille qui se bat en se cachant derrière sa capuche. Allez, ne le prends pas mal ! Tu devrais t'entraîner au bras de fer avec elle. Qui sait, si tu finis par la battre, nous auront peut-être une chance que tu puisses t'avérer utile lorsque nous nous battrons contre un... véritable adversaire. Après, cela explique pourquoi une personne comme Silver a pu réussir à convaincre ce bloc de pierre de partir voir ailleurs. S'il a décidé de te prendre toi et Nado à la lumière de votre performance, niveau cérébral nous devons être plus sur du granit que sur du diamant si je me permets cette petite digression géologique. "

Koon regarda deux secondes Okaminu et eu une sorte de léger frisson à cause de l'horrible image qui parcouru son esprit. Mon dieu, coucher avec le pachyderme, qui serait assez fou pour cela. Surtout que, connaissant la bête, elle est forcement fan du BDSM.L'abandon de Zakhar arrangea Koon qui commençait à se sentir mal. Il sentait son rythme cardiaque s’accélérer petit à petit tout comme sa respiration. Il était définitivement temps de se retirer pour aujourd'hui.
« mesdemoiselles, sur ces propos forts écœurants je m'en vais également vous laisser »
Il s'en alla alors d'une démarche rapide -mais toujours gracile, cela va de soit- trouver une chambre.
Avec soulagement il en trouva une rapidement. Il s'enferma à clé dans cette dernière et ferma les rideaux. Son cœur battait la chamade, sa respiration se faisait haletante et irrégulière. Il alla dans un des quatre coins de la chambre, celui qui lui permettait de rester caché lorsque quelqu'un ouvrait la porte. Il s'assit dans une position proche d'une position fœtale et se mit à trembler de tout son corps.
Cela faisait près d'un an qu'il n'avait plus subit ce genre de crise. Elles étaient apparues peu de temps après sa fuite. Au départ il en subissait au moins une par semaine. Puis elles s'étaient espacées petit à petit. Elles se déroulaient toujours de la même manière : une augmentation progressive du rythme cardiaque liée à un affolement de la respiration, un sentiment de gène en société qui devient très vite de la paranoïa et nécessite donc de s'isoler urgemment. Enfin, la crise de tremblement qui dure généralement entre 10 et 15 min. Qu'une chose à faire : attendre que ça passe. Koon resta donc assit là, tremblant, et patientant le temps qu'il fallait pour pouvoir de nouveau bouger.

       Il ne restait plus que Shiro aux cotés d'Okaminu. Sachant pertinemment que ce ne serait pas elle qui lui ferait la conversation; elle préféra lui dire :

"  Bon, puisque tout le monde a décidé de partir de son coté, je vais en faire de même. De toutes façons il n'a jamais été dit que le groupe devait rester soudé jusqu'au bout. L'examen est individuel après tout. Pour être sincère, je suis surprise que la cohésion aie pu tenir toute une épreuve... ... presque toute une épreuve. Sur ce, je te laisse ! Je suis sure qu'il doit y avoir un buffet à volonté quelque part. Ce serait dommage de ne pas en profiter tant que c'est gratuit. Si tu essaies de te cacher , fais en sorte que ce ne soit pas au milieu du passage. Certains candidats un peu plus lourds que la moyenne risqueraient de ne pas faire de détail. "

      La jeune femme s'en alla sur ces paroles. Elle partit dans un premier temps chercher une chambre avant de se lancer dans sa quête de nourriture. Une fois qu'une cabine lui fut attribuée, elle s'allongea dans le lit et en profita pour réfléchir à tout ce qui s'était passé dans la journée. A deux reprises elle avait été contrainte de coopérer avec d'autres personnes pour atteindre son objectif. Ce constat lui semblait en soi contre nature. Cependant, ce qui l'inquiétait le plus fut que le sort de ses compagnons d'infortune ne lui avait pas été indifférent malgré toutes les excuses que certains lui avaient données pour engendrer une profonde inimitié. Un court instant, la possibilité qu'une autre épreuve avec ces même personnes se profilât lui parut même désirable.

       Elle reprit néanmoins rapidement ses esprits. Après tout, la suite des événements lui offrirait sans aucun doute la possibilité d'attester de son talent en solitaire. Peut-être même que certains d'entre eux deviendraient ses adversaires. L'image de Silver à genoux en train de l'implorer de ne pas être trop méchante et de se rendre en argumentant sur les bienfaits de son abandon sur le long terme la fit sourire (plus que d’accoutumé). Elle serait également ravie de pouvoir montrer à Alicia laquelle des deux était réellement la plus forte, il en allait désormais de même pour Zakhar depuis la dernière discussion. Un duel contre Shiro relèverait sans doute plus d'une simple épreuve de sprint. Rien d'intéressant ne semblait pouvoir en être tiré et aucun compte à régler ne pourrait pimenter la scène. La perspective d'une telle situation ne l'enjouait guère.

       Après quelques minutes, Oka décida qu'il était temps de découvrir si les cuisiniers allaient être à la hauteur de ses espérances. Elle irait sans doute dormir une fois qu'elle serait rassasiée ou  que ces derniers seraient épuisés. Elle sortit de sa chambre et partit accomplir sa destiné.

Juste après le départ d'Okaminu, un grognement retenti. L'estomac de Shiro commençait à se digérer lui-même. L'idée du buffet qu'Okaminu avait amenée avait réveillé son appétit.
Sans dire un mot elle se leva et se dirigea vers la salle où se trouvait le buffet. Bien qu'elle ne sache pas réellement où se trouvait cette dernière, elle la trouva sans trop de difficultés, suivant son odorat d'autant plus performant qu'il lui permettrait de rassasier sa faim. Après avoir fait trois portes fermées autour de la salle, les odeurs n'indiquant pas les portes ouvertes, elle trouva la porte d'entrée et se retrouva dans une salle gigantesque.
La décoration laissait à désirer, mais la répartition des personnes dans la salle restait logique par rapport à la fonction de celle-ci. Un attroupement s'était formé autour du buffet et des groupes plus ou moins grands d'une dizaine de personnes maximums parcellaient la salle.
Elle se dirigea vers le buffet sans trop réfléchir et s'empiffra de tout ce qui lui tombait sous la main. Rien ne résistait, petits fours, toast ou même vérines. Elle leva quelques instants plus tard la tête, un toast aux rillettes de maquereau dans la main droite. Elle aperçu alors Okaminu entrer dans la salle avec exactement la même expression que Shiro avait eût plus tôt à sa place. Shiro dévora alors le four en une seule bouchée et accueilli la jeune femme comme il se devait.
"Oka ! Je vois qu'on a eu la même idée."
Un sourire se dessina sur le visage de Shiro.
"Le repas est servit et c'est le contribuable qui paye !"

      Oka, qui n'avait pas non plus identifié la présence de Zakhar, répondit à Shiro en souriant :

" En voilà des parole de bon sens ! "

       Puis elle s'approcha sans plus attendre de l’étalage de nourriture et se jetta sans scrupules sur tout ce qui passait à sa portée. Elle prit la peine de prendre une assiette, non pas pour se préparer un assortiment, mais pour contenir toutes les chutes, conteneurs et restes afin de pas perdre de temps dans sa consommation effrénée.

      La règle numéro un des buffets et de ne jamais s'éloigner des plats au risque de se voire subtilisé les meilleurs morceaux. Manger dans ce genre de situation était un combat opposant des compétiteurs forts et des compétiteurs faibles. Seuls les premiers pourraient espérer voir leurs désirs alimentaires satisfaits. Tout était une question de tactique, de stratégie, d'observation et de dextérité or Okaminu excellait en l'exercice.

        Entre deux bouchés elle lança néanmoins :

" Ils ont intérêt à prévenir rapidement les cuisiniers ! A ce rythme, nous risquons d'être bientôt en état de pénurie. "

Shiro leva la tête en direction d'Okaminu entre deux bouchées.
"Tiens, que faisais-tu avant d'arriver au buffet ? Tu n'avais pas faim initialement ?"

           Oka répondit suivant le rythme saccadé que lui imposait sa dégustation :

" Un groupe de participants m'a regardé de travers, j'ai été obligée de leur montrer qu'il y a en ce monde certaines personnes avec lesquelles il ne vaut mieux pas plaisanter sans raisons... Par ailleurs, je ferais mieux d'aller les retrouver. S'ils ne sont pas suffisamment bon en apnée nous risquons d'être moins de 62 participants pour la prochaine épreuve. "

         Okaminu était rattrapée par sa fatigue. Comme elle avait déjà fait disparaître de la table tous les mets qui lui plaisaient le plus, elle ne jugea pas nécessaire de rester ici plus longtemps. Elle dit à Shiro en guise d’au-revoir :

" Pourvus qu'ils soient plus efficaces pour nous ravitailler en petit-déjeuners demain matin. Sur ce, je vous dit à la prochaine ! "

           Elle partit sans se retourner et rejoignit sa chambre. Elle se contraignit à faire ses quelques exercices du soir puis s'allongea sur les couvertures en regardant le plafond. Elle pensa qu'il serait plus confortable pour elle que l'épreuve eût commencée dès l'aube prochaine. Attendre sans but dans cet environnement partiellement social la mettait mal à l'aise. Comment passerait-elle sa journée ? Elle l'ignorait mais son épuisement lui rappela que l'heure n'était plus à la réflexion.

            Elle s'endormit, ne sommeillant que d'un œil comme à son habitude.

Koon dut attendre près d'une demi-heure que ses tremblements diminuent assez pour reprendre possession de ses mouvements. La crise allait enfin se terminer et si tout se passait bien, il allait en être débarrassé pour plusieurs mois. Puisqu'il était de nouveau plus ou moins maître de son corps, le jeune homme décida de se livrer à un rituel qu'il n'avait pas eu l'occasion de perpétrer depuis bien trop longtemps : il alla prendre une douche. Il retira ses vêtements découvrant son corps squelettique et terni par la saleté et rentra dans la douche. La sensation du jet d'eau tiède sur son visage lui fit encore plus de bien que ce qu'il avait imaginé. Une fois son corps et ses cheveux lavés, il s'essuya brièvement puis alla s'allonger sur le lit, encore mouillé et légèrement tremblant, simplement recouvert de sa serviette. Il s'endormit presque instantanément. Peu de temps après, un coup de feu se fit entendre au loin mais Koon était trop profondément encré dans sommeil pour l'entendre.

      Okaminu fut sortie de son état semi-endormi par la détonation. Après quelques secondes pour comprendre ce qui s'était passé, elle dit à voix haute de sorte qu'on l'entendît dans les autres chambres :

" Ne vous inquiétez pas ! C'est surement juste Alicia qui cherche à se calmer les nerfs. Tout le monde peut retourner se coucher ! Ignorez la simplement et elle vous ignorera en retour. "

          Puis elle appliqua son propre conseil.

Pour faire comme tout le monde, Shiro demanda une cabine. Elle pût se déshabiller, se laver et s'allonger à côté de l'espèce de grande table basse, lui arrivant aux genoux et surmontée d'une nappe épaisse et rembourrée. Elle ne comprenait pas bien l'intérêt d'encombrer autant une cabine qui n'était pas des plus spacieuses non plus avec une table si imposante et sans vraiment la possibilité de poser quelque verre que ce soit dessus sans qu'il ne se renverse. Mais bon il fallait qu'elle dorme car après un bon repas bien nourrissant, rien de mieux qu'une petite sieste.
À peine avait-elle commencé à fermer les yeux que des coups de feu s'étaient fait entendre. Elle se leva alors d'une traite, enfila rapidement son sweat et se rendit vers l'endroit probable de détonation.
La deuxième épreuve démarre déjà ?

Sur ce, Shiro leva les yeux au ciel, exaspérée par la scène qui se déroulait devant ses yeux. Elle laissa Alicia se débrouiller avec Zakhar.
Ils peuvent bien continuer à se chamailler. Après tous, qui aime bien châtie bien ...
Elle retourna à sa cabine et se coucha entre la table bizarre et un meuble en bois blanc pouvant contenir des vêtements propres.