Arc 1, Partie 1 : Sous le soleil : De retour au commissariat (Interlude)

       Ne voulant pas laisser Alicia être plus bruyante qu'elle et ignorant complètement l'intervention de l'autre jeune femme, Okaminu répondit fièrement en se faisant bien entendre de tout le groupe :

" Vous pouvez m'appeler Okaminu, ou Oka pour ceux qui ont du mal pour les mots avec beaucoup de syllabes. "

— Si seulement Silver était un pseudonyme, malheureusement je crains que mes parents manquaient cruellement d'imagination et quand ils on vu que mes cheveux était de cette couleur inhabituelle ils ont pas du chercher longtemps. Quant aux Zoldycks j'ai entendu parler de cette famille, qui n'a jamais entendu parlé d'eux en même temps. Mon estime pour eux est cisaillé entre l'admiration la plus total, la crainte et le dégout.

Le sourire de Koon s’élargit en entendant le son du ventre de la jeune fille. Cela lui permis de se rendre compte que lui aussi avait faim. La faim ne l'avait guère quitté depuis sa fuite il y a de cela trois ans et il s'était habitué à vivre constamment avec ce sentiment. S'il avait l'occasion de manger un vrai repas, il n'allait certainement pas refuser.

          Okaminu crut ressentir un sentiment général d'insatiété aux dires et aux expressions de ses camarades imposés. Elle aurait cependant menti si elle avait dit qu'elle n'avait pas elle même très faim en cet instant. Elle voulait néanmoins le faire savoir sans pour autant le dire explicitement. Elle déclara donc d'un ton faussement exaspéré :

" Bon, si j'ai compris, aucun de vous vous ne peut contenir son besoin intarissable de nourriture. Pour ce genre de maladie, le remède est simple vous savez. Où comptez-vous aller après avoir montré à la police à quel point nous avons été plus efficaces qu'eux à leur propre travail ? " 

          Okaminu força un peu son chemin entre ses coéquipiers et des clients malchanceux pour se retrouver en bout de table où elle pourrait allonger ses jambes sans personne pour la gêner. Elle n'avait pas d'argent mais ne comptait pas payer de toutes façon. Soit quelqu'un le ferait à sa place, soit personne ne le ferait : problème simple, solution simple. Partant de cet avantageux postulat, elle choisit de commander bien plus qu'elle ne consommerait sans même prendre la peine de regarder la colonne des prix. Elle déclara : " Je ne sais pas pour vous mais pour moi, c'est le moment d'une bonne récompense après un travail bien fait. "

Koon s'installa à coté de la jeune femme à capuche, qui était, il faut le dire, moins effrayante que Zakhar, et passa la même commande que ce dernier, 12 sushi et des nouilles au porc. Il était à peu prêt certain que personne hormis Alicia n'avait les moyens de payer, que cette dernière n'allait très certainement pas payer pour tout le monde et qu'il y avait de forte chance de devoir ce faire la belle avant l'arrivé de l'addition. Il n'appréciait pas du tout cela. L’escroquerie ne le dérangeait pas c'était pour lui presqu'un art à part entière. Mai ça c'était un vol de bas étages, un forfait appartenant aux pouilleux n'ayant pas plus d'imagination qu'un âne. Seulement il s'était laissé emporter par le groupe et la promesse d'un repas et il allait devoir en accepter les conséquences.

         Oka ajouta machinalement :

" Tu as bien de la chance. Moi, pour un bonjour manqué, je me suis prise deux harpies dans les jambes pour le prix d'une demi. Enfin... On ne t'en voudra pas de ne pas parler la bouche pleine. "

        Alicia prit par défaut la dernière place libre et commanda à son tour. La nourriture ne tarda pas à arriver. La jeune femme en costume dont la commande prenait une bonne portion de la table se gava sans attendre comme une oie avant le jour de l'an, engouffrant tout aliment passant à portée de baguette.

         Elle n'avait pas envie de se sociabiliser mais restait néanmoins extrêmement curieuse. Une question lui brûlait les lèvres plus que le wasabi qu'elle étalait sans scrupules sur ses sushis : Pourquoi les autres voulaient-ils passer l'examen ? Elle ne voulait cependant pas demander à ses camarades de table leurs raisons de manière frontale. Elle déclara alors, chaque phrase ponctuée d’engloutissements sonores :

" Vous savez les jeunes, la vie de hunter, ce n'est pas fait pour tout le monde. C'est dangereux et ça demande de ne pas avoir peur du contact avec l’ennemie. J'ai vu que certains savaient montrer leurs atouts en combats, ou du moins un peu d'audace récompensée par de la chance. Mais vus les trophées de guerre des deux autres que je ne nommerai pas, je ne me sentirais à leur place mal à l'aise d'aller sur une île où tout pourrait me coûter la vie à chaque instant. J'imagine que vous n'êtes pas là pour rien. Vous devez avoir de formidables raisons qui rendront vos mamans et vos petites sœurs très fières. "

           Elle fit une longue pose pendant laquelle elle en profita pour d'avaler deux sushis et demi, puis elle repris d'un ton condescendant,les bras croisés sur la table, le sourire en coin :

" N'est-ce pas... ? "